Par Mabrouka M’barek

Ce chapitre porte sur le cas de la Tunisie. Il analyse les effets de l’exploitation des travailleuses agricoles tunisiennes sur leur ménage et, en même temps, établit un lien avec la migration des membres de leur ménage et les difficultés économiques qu’ils rencontrent.

Il démontre en outre que la dépendance de la France vis-à-vis des migrants, pour maintenir les coûts bas de la main-d’œuvre et des produits de base, repose sur le triple fardeau des femmes africaines.

Plus précisément, le secteur français de la construction dépend fortement des travailleurs migrants africains.

Ce chapitre illustre cette relation avec le cas des travailleuses agricoles tunisiennes. Ces dernières sont exploitées à la ferme ; étant épuisées, elles manquent de temps pour s’occuper des travaux ménagers dont elles sont principalement responsables ; et en même temps, elles doivent participer à la reproduction d’une main-d’œuvre dont elles ne peuvent plus s’occuper et qui, dès lors, migre vers la France et l’Europe dans l’espérance de pouvoir subvenir aux besoins de leur ménage.

Ainsi, les femmes africaines, essentielles au secteur agricole local autant qu’à la tenue de leur ménage, sont également essentielles au secteur agricole et au secteur de la construction en France et en Europe. Par conséquent, les ouvrières agricoles tunisiennes ont un triple fardeau : elles nourrissent leur pays et le monde ; elles fournissent la main-d’œuvre nécessaire à la France et à l’Europe ; et ainsi participent, malgré elles à l’industrie mondialisée de la reproduction et de l’entretien de la main-d’œuvre surexploitée par la France et l’Europe. Ce chapitre suggère que ce travail non rémunéré, qui contribue directement au système capitaliste français, doit être analysé sous le prisme de la rente impérialiste extraite par la France.

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