Ils m’appellent tyran : si je l’étais, ils ramperaient à mes pieds

Pour introduction à la présentation au Café Marxiste , de l ‘enseignante Jacqueline Grimault et son mari qui nous exposent les textes de ce révolutionnaire Français hors pair, calomnié et dénigré par l’historiographie officielle girondine , nous avons voulu aussi y ajouter un extrait d’ un autre célebre historien Français de la Révolution française Albert Mathiez (1874-1932) et son livre , «Robespierre et la République sociale».

«L’incorruptible est devenu après sa mort le bouc émissaire de la Révolution. Il serait temps de rendre justice à ce grand homme dont la vie fut un perpétuel sacrifice au bien public et dont la chute ébranla la République jusqu’à la base et laissa désormais la voie libre aux profiteurs et aux généraux de Bonaparte. Les Conventionnels, meme les plus médiocres ont aujourd’hui leurs statues. Les noms sont gravés sur les plaques des rues . Seul Robespierre reste un réprouvé. Celui qui fut jusqu’au dernier souffle le défenseur ardent et convaincu des travailleurs; celui dont la vie privée comme la vie publique furent transfigurées par les plus hautes vertus; celui qui a illustré la tribune française par une éloquence qui atteint parfois le sublime; celui dont les vainqueurs eux meme, les Cambon, les Barère, les Barras regrettèrent la défaite comme une calamité nationale; celui dont les écrits et l’ exemple inspirèrent par dela le tombeau tous les DEMOCRATES et TOUS LES SOCIALISTES de la première partie du XIX siècle, ceux de l’ étranger comme ceux de France; celui que la vigoureuse génération république de 1830 , instruite par Buonarotti et les derniers survivants de la Montagne , adora comme la parfaite incarnation de la démocratie sociale; celui que la jeune Allemagne de Boerne et de Gutzkow , que la jeune Italie de Mazzini et de Garibaldi et le chartisme anglais de O’connor et d’O Brien adoptèrent comme un porte drapeau; celui que Georges Sand , avant Anatole France proclamait « le plus grand homme de la revolution et l’un des plus grands de l Histoire «, celui qui inspira les révolutionnaires de 1848 et ceux de la Commune; celui que les révolutionnaires russes d’aujourd’hui , plus soucieux de nos gloires que nous memes, honorent comme un ancêtre et comme un précurseur; celui dont Lénine, qui lui ressemble a bien des égards, a dressé l’ éfigie devant le Kremlin; le profond politique dont la clairvoyance égala le courage et le désintéressement, enfin, Robespierre est aujourd’hui presque inconnu, quand il n ‘est pas méconnu de cette foule qui devrait pourtant garder précieusement sa mémoire , puisque c ‘est pour son affranchissement et pour son bonheur qu’ ‘il a vécu et qu’ il est mort. »

P 66- Robespierre et la république sociale » Albert Mathiez, éditions critiques, 2018.

Voir aussi :

  • Le Paris des Sans culottes-Guide du Paris révolutionnaire ( 1789 -1799) De Jacques Pauwels

Livre du mois- Le Paris des Sans culottes-Guide du Paris révolutionnaire ( 1789 -1799) De Jacques Pauwels