Et si le Chili devenait le tombeau du capitalisme ?

La victoire électorale des 15/16 mai au Chili pour une Assemblée constituante et les élections régionales et municipales marquent un rejet TOTALE des partis de régime pinochetiste de ces derniers 30 ans, de la droite et « la concertation » qui sont les principaux perdants de ces élections. La classe politique est aujourd’hui l’ennemi numéro 1 du peuple.

La forte abstention est l’une des premières données centrales : inférieure au plébiscite, elle exprime un REJET total des partis politiques depuis 30 ans au pouvoir.

Les principaux bénéficiaires de ce tremblement de terre (auquel les Chiliens sont habitués) ont été :

Le « phénomène » des indépendants, et en particulier de la Liste du Peuple un programme sans délimitation de classe, ni socialiste. Similaire au Parti Communiste – Frente Amplio , ils ont été la principale « nouveauté » avec environ 40% des voix.

Le PC-FA a gagné plusieurs mairies au niveau national, comme l’importante mairie de la capitale Santiago du Chili et de Recoleta.

Il s’agit d’une répudiation des partis du régime, avec l’espoir des « citoyens » d’écrire une nouvelle constitution, et mettre fin aux abus qui ont  réduit le rôle de l’État à un simple agent subsidiaire du capital, qui  a donné gratuitement la concession des terres, des fleuves et mers aux grands capitaux, qui a marchandisé l’éducation, la santé et la sécurité sociale pour le profit immédiat.

Le résultat exprime un état favorable à « la gauche » dans le pays, et c’est aussi l’expression légitime de ce qu’était la rébellion populaire commencée en 2001, 2006, 2011 puis 2019  par les étudiants du secondaire ( voir le mochilazo et pinguinazo «  La Asamblea Manda ») .

Cependant le pouvoir de la présidence, le corps militaro-policier et le pouvoir économique continueront à gouverner au jour le jour. C’est pourquoi la classe ouvrière et les populations doivent s’organiser, en reprenant le chemin qui s’est ouvert en octobre, et continuer avec toutes ses revendications.

Frente Amplio qui sort renforcé, a été l’un des « cuisiniers » de l’Accord de paix et ils sont même allés jusqu’à voter les lois de criminalisation voulues par Pinera. Le Parti Communiste qui a dénoncé la cuisine, a fini par légitimer tous ces pièges. Le phénomène des « indépendants » ( liste du peuple)  est pour l’instant un programme de réformes sociales dans le cadre du régime. Vont-ils être les garants des demandes populaires ?

Cette convention ne va pas résoudre les contradictions qui se sont ouvertes avec la rébellion populaire.

La composition sociale des 155 électeurs est la petite bourgeoisie (avocats, ingénieurs, enseignants, sociologues, psychologues, sages-femmes, journalistes, acteurs) c’est-à-dire qu’ils ont un petit capital. Ils ne viennent pas de la grande bourgeoisie comprador  chilienne, et c’ est un pas en avant.

Mais à l’époque d‘Allende, il y avait des ministres et des sous-secrétaires ouvriers et paysans, et ils connaissaient beaucoup mieux leurs problèmes que les professionnels.

Les causes semblent se répéter: l’accès à l’eau et au logement comme droits fondamentaux, l’environnement, la défense des enfants violés et les femmes, maintien de l’autonomie de la banque centrale … Mais où est la classe ouvrière, les précaires et les chômeurs, la paysannerie, ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre?

Rappelons-nous que sans l’argent du cuivre, les revendications proposées par les constituants ne peuvent être satisfaites. Mais nous pensons aussi qu’il pourrait être dangereux d’envisager la nationalisation du cuivre tout de suite. Cependant, il existe des mesures complémentaires ou secondaires qui pourraient être prises qui seraient très bénéfiques pour l’économie chilienne et qui sont appliquées dans d’autres pays.

Le peuple demande pleine souveraineté populaire et économique.

Historiquement, chaque défaite à droite déclenche la conspiration pour noircir le tableau, et ce ne sera probablement pas une exception cette fois- ci.

Cependant, l’ampleur de la corrélation des forces la rend hautement improbable et confère du temps, de l’espace et une légitimité politique à la conception de mesures d’autodéfense.

Il faut donc  profiter de cette  défaite des partis pour organiser la lutte et les revendications des travailleurs et des étudiants: pour conquérir la fin des AFP ( fond de pension ) , assurer une éducation et une santé publique, la liberté des prisonniers politiques,  mettre fin à l’impunité et obtenir le jugement et la punition des oppresseurs ,  la nationalisation des ressources telles que le cuivre, l’eau et le lithium sous gestion et contrôle  des travailleurs et des communautés, la restitution des terres au peuple mapuche et le droit à l’autodétermination des peuples originaires.

Pinera ne peut gouverner un jour de plus. Le nouveau scénario qui s’ouvre avec la lourde défaite des partis qui ont gouverné le Chili pendant 30 ans, impose qu’il sera essentiel de reprendre la mobilisation et l’auto-organisation de la classe ouvrière et du peuple.

Bureau d’ information Alba Granada North Africa

Autre article sur le chili et l’ assemblée constituante

Article sur la résurgence politique des peuples Mapuche

LA HAZAÑA DE MELIPILLÁN:

http://www.ojoconellente.cl/?p=5316

https://cctt.cl/2021/05/24/chile-convencional-radiografia-a-los-27-constituyentes-de-la-lista-del-pueblo/